
The Substance : Demi Moore a le corps brisé dans ce film événement de body horror
Lauréat du Prix du scénario au dernier Festival de Cannes, ce film, qui n'est pas sans rappeler l'univers de Cronenberg, la touche féministe en plus, est l'un des vrais chefs-d’œuvre de 2024. On vous dit tout sur The Substance, le phénomène de body horror à (re)découvrir sur Canal+ ce mercredi 14 mai.
The Substance, réalisé par Coralie Fargeat et présenté en mai dernier au Festival de Cannes, a remporté le Prix du scénario, mais aussi l'Oscar récemment pour les meilleurs maquillages et coiffures. Cependant, ce que l'on retient le plus, c'est qu'il a fait sensation pour son approche violente et crue des injonctions subies par les femmes. Le film fait débat tant les spectateurs ressortent déstabilisés, voire choqués. Il faut dire que le gore du body horror (sous-genre de l’horreur caractérisé par les mutations, la mutilation, la zombification…) y est pour quelque chose, mais l’aspect psychologique n’est pas à négliger pour autant. D’inspiration féministe, The Substance dénonce avant tout les comportements sociétaux quant au physique et la superficialité, tout en évoquant l’inévitable et cauchemardesque décrépitude que nous subissons tous.
De quoi parle The Substance ?
Dans The Substance, on suit d’abord Elisabeth Sparkle (Demi Moore), actrice et star internationale connue particulièrement pour ses émissions d’aérobic grâce à son corps parfait. Seulement voilà, son show perd des téléspectateurs et son manager estime qu’elle est maintenant trop âgée. Il sonne alors l’heure prématurée de sa retraite. En proie à d’énormes doutes quant à sa légitimité dans ce monde avec son corps vieillissant, elle décide de s’essayer à La Substance, un procédé obscur qui lui permettrait de générer une meilleure version d’elle-même, plus jeune, plus belle, plus parfaite…
Le scénario, simple et efficace, brille par son exécution franche et horrifique. The Substance tient en haleine du début à la fin tant il est précis, réel et malaisant à la fois. Mais ce body horror dont on parle tant, là n’est pas son but premier.

De l’horreur oui, mais non sans but
Effectivement, si le film fait tant débat, c’est pour cette approche visuelle et non-subtile. Beaucoup parlent de cette fameuse scène avec les crevettes, qu’on vous laissera découvrir. Cependant, la réalisatrice a fait le choix de montrer ces atrocités pour une bonne raison. C’est ce qu’elle explique dans un communiqué destiné à la presse :
“Pour moi, cette non-subtilité assumée est un miroir tendu à toutes ces injonctions, et tout ce que ces mécanismes ont de grossier, d'écrasant et d’énorme.”
Tout ce body horror se justifie donc par le ressenti que la réalisatrice souhaite infliger au spectateur, un sentiment proche de ce que peut ressentir une femme confrontée à la vision de son propre corps par le spectre des diktats de la société et particulièrement du male gaze. Ce dernier terme fait référence à toutes ces fois où les personnages féminins ont été sexualisés, avec par exemple une caméra qui s’attarde sur les formes du corps. Ces images, véhiculées notamment par le cinéma, ont fortement contribué à ce rapport asymétrique entre femme et homme que The Subtance essaye de dénoncer.

Possession et dépossession de son corps
Elisabeth Sparkle, en tant qu’actrice et animatrice d’aérobic, incarne ce male gaze, le fait d’être adulée pour son physique considéré comme parfait d’après une autorité masculine. Dans la volonté d’Elizabeth de vouloir à tout prix être la plus jeune et parfaite possible, The Substance met en scène également un dilemme auquel les femmes sont souvent confrontées : être sexy parce qu’on fait ce qu’on veut de son corps, ou être sexy à cause des injonctions. C’est ce que Coralie Fargeat explique dans ce même communiqué :
“Qu’est-ce qui a trait à notre liberté individuelle de nous exprimer exactement comme on le veut, de jouer de notre corps comme on le veut, de choisir d’être ou non sexualisée, quelle est la part de liberté, quelle est la part d’injonction ?”
La Substance fait posséder son corps à Elizabeth, littéralement, mais en est-elle vraiment la maîtresse ?
Un casting ultra pertinent
Demi Moore nous livre une interprétation exceptionnelle, les dialogues sont rares et tout repose sur son jeu physique. Qui plus est, l'actrice a elle-même expérimenté ces démons : des questionnements sur son âge, sa fertilité, son image, comme elle l’explique dans son autobiographie. Dans le film, voir une femme d’une telle beauté être confrontée à ces incertitudes quant à son corps montre à quel point les diktats de la société s’ancrent telles des aiguilles dans nos pensées.

Margaret Qualley, dans le rôle de Sue, a également tout donné pour ce rôle. Dans son jeu d’une part, mais aussi physiquement. Elle s’est livrée à une réelle transformation pour parvenir à ce corps “parfait” que l’on voit dans le film, avec un sport intensif et des prothèses. Une façon de montrer que les attentes de la société et du male gaze quant au corps des femmes sont loin d’être naturelles.

The Substance sera diffusé ce mercredi 14 mai à 21H09 sur Canal+, et est d'ores et déjà disponible sur la platefome de la chaîne cryptée. Vous pouvez également le retrouver en VOD chez SFR.
Source : Metropolitan Film
