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Toby Eden, Jodie Whittaker et Matthew James Hinchliffe dans la mini-série "Toxic Town" sur Netflix.
Séries

Toxic Town : quelle est l'histoire vraie qui a inspiré la mini-série Netflix ?

Toby Eden, Jodie Whittaker et Matthew James Hinchliffe dans la mini-série "Toxic Town" sur Netflix. © Ben Blackall / Netflix

Disponible depuis ce jeudi 27 février sur Netflix, la mini-série Toxic Town revient sur un scandale qui a eu lieu il y a quelques années au sein du comté de Northamptonshire, en Angleterre. En effet, si vous vous demandiez si le drame qu’ont vécu les mères de la série Netflix est bel et bien vrai, la réponse est oui ! On vous en dit plus sur Toxic Town et les véritables empoisonnements de Corby.

Après le succès d’Apple Cider Vinegar, série qui revenait sur l’arnaque à grande échelle menée par Belle Gibson, c’est une toute nouvelle série dramatique d’un autre genre que Netflix a dévoilé ce jeudi 27 février. L’intrigue de la mini-série Toxic Town ne repose que sur une seule question : jusqu’où seriez-vous prêt à aller pour vos enfants ? En effet, la série nous plonge dans le quotidien d’un groupe de mères qui ont mené une véritable bataille afin d’exposer la vérité au grand jour concernant l’un des plus grands scandales environnementaux qu’a connu le Royaume-Uni. Comme souvent avec Netflix, il est possible de se demander si l’intrigue de la série est inspirée d’une histoire vraie, et malheureusement, c’est bel et bien le cas. L’affaire des empoisonnements de Corby remonte à plusieurs dizaines d’années et de nombreuses familles ont lutté pendant presque 30 ans afin d’obtenir gain de cause. Retour sur ce tragique scandale.

Que s’est-il passé dans les années 1980/1990 dans la ville de Corby ?

Historiquement, la ville de Corby - située dans le Northamptonshire au Royaume-Uni - était devenue une centre de sidérurgie grâce à l’installation du site de production Stewarts & Lloyds dans les années 1930. Cependant, quelques années plus tard - plus précisément en 1981 - il s’est avéré que l’usine n’était plus rentable et les propriétaires ont donc décidé de la fermer. Bien évidemment, au cours de son exploitation, le centre de sidérurgie a entraîné une importante quantité de déchets industriels ainsi que des déchets toxiques. Quelques années après, entre 1984 et 1999, le conseil municipal de Corby a lancé une opération de démolition, d’excavation ainsi que le réaménagement de l’ancien centre de sidérurgie. Pour mener à bien ce programme de régénération urbaine, les déchets qui se trouvaient sur place ont été transportés jusqu’à une carrière située au nord du site. Ces déplacements, à travers des zones habitées, ont généré près de 200 trajets de véhicules par jour. Il est également important de savoir que les camions utilisés à cet effet étaient des camions ouverts, permettant ainsi le dépôt de déchets sur les routes mais également la libération d’énormes quantités de poussières dans l’air.

Tout cela aurait pu passer inaperçu si, à la fin des années 1980 et tout au long des années 1990, une inquiétante observation n’avait pas été faite. En effet, il a été constaté que les taux de malformations des membres supérieurs chez les bébés nés à Corby étaient trois fois supérieur à ceux nés dans les alentours et même dix fois supérieurs à ceux d’une ville lambda de 60 000 habitants.

Le début d’un long combat pour les familles victimes des empoisonnements de Corby

En 2005, les mères d’une trentaine d’enfants ont présenté des témoignages d’experts à la Haute Cour de Londres afin de défendre leur cause et de démontrer que c’est l’exposition aux déchets issus de l’ancienne usine de Corby lors de leurs grossesses qui a causé les malformations congénitales dont souffrent leurs enfants. En effet, il est bon de préciser qu’il n’y avait pas d’antécédents familiaux de malformations des membres au sein des familles qui ont saisi la justice. Parmi les pièces présentées par les mères de famille à la Haute Cour de Londres se trouvaient des rapports expliquant que l’exposition aux déchets toxiques était la cause probable des malformations des membres des enfants, ainsi qu’un rapport de l’expert environnemental Roger Braithwaite, qui indiquait clairement qu’il s’agissait d’un cas de négligence environnementale à grande échelle.

Après examen des preuves amenées par les mères de famille, le Lord Chief Justice de l’époque a donné l’autorisation aux parents de poursuivre son action contre le Corby Borough Council dans un recours collectif concernant le cas des enfants nés entre 1985 et 1999. C’est alors qu’a commencé un grand combat pour les familles et les enfants victimes de cette négligence. En effet, ce n’est qu’en 2009 que l’affaire arrivera à la Haute Cour de Londres. Pourquoi un tel délai ? Car le Corby Borough Council refusait de divulguer certaines informations.

Quel a été le délibéré de l’affaire des empoisonnements de Corby ?

Également surnommée “The British Erin Brockovich”, la décision concernant l’affaire des empoisonnements de Corby a été rendue en juillet 2009. La Haute Cour de Londres a reconnu que le conseil municipal de Corby avait bel et bien fait preuve de négligence dans la gestion des déchets provenant de l’ancien centre de sidérurgie. Si initialement, le conseil a nié toute négligence ou lien entre le traitement des déchets et les malformations touchant les enfants, il a finalement décidé de ne pas contester la décision de justice, bien qu’il continue de nier toute responsabilité.

Si l’accord trouvé entre les familles et le conseil municipal de Corby prévoit, bien évidemment, une indemnisation financière afin de couvrir les frais médicaux des victimes, l’avocat des familles plaignantes a tout de même précisé qu’aucune somme ne parviendrait à “compenser correctement les malformations et les handicaps dont ils [les enfants nés entre 1985 et 1999] souffriront tout au long de leur vie”. Néanmoins, ce fût un énorme soulagement pour les nombreuses familles qui menaient un combat depuis près de 11 ans, lors de la décision de la Haute Cour en 2009.

Vous savez désormais tout de la véritable histoire ayant donné vie à la mini-série Toxic Town sur Netflix. Si vous souhaitez découvrir d’autres programmes inspirés d’histoires vraies autour de l’univers médical, on vous recommande le film Meurtres sans ordonnances et la série The Nurse.

Sources : The Guardian, BBC, Netflix

Meyli Cousin
https://twitter.com/meycsn Meyli Cousin Rédactrice