
Le Monde après nous : la fin du film Netflix expliquée
Avec Le Monde après nous, Netflix nous offre l'une de ses productions les plus ambitieuses. Propulsée par un casting 5 étoiles, mis en scène par un réalisateur adulé, cette adaptation d'un roman d'anticipation avait tout pour réussir... et c'est ce qu'il s'est passé. Captivante, stressante et dotée de scènes qui restent gravées en mémoire, cette fresque apocalyptique de 2h20 n'a rien à envier aux blockbusters qui sortent sur grand écran. Mais avez-vous saisi toutes les subtilités de son scénario ? Et que faut-il comprendre de sa fin ? SFR Actus vous propose un décryptage.
Avant d'être un film, Le Monde après nous est d'abord un best-seller. Un roman signé Rumaan Alam paru en 2020, qui décrit comment du jour au lendemain un groupe de personnes se retrouve enfermé, ignorant quels dangers planent sur eux et le monde entier. Publié alors que la pandémie de COVID-19 était à son apogée, ce livre a connu un immense succès, notamment grâce à son postulat, qui n'est pas sans évoquer les angoisses qui nous traversaient à cette période.
Grâce à Netflix et au réalisateur Sam Esmail (Mr. Robot), Le Monde après nous est désormais un film, qui vient tout juste d'intégrer le catalogue de la plateforme qui fait "TUDUM". L'occasion de retrouver les stars Julia Roberts, Ethan Hawke, Mahershala Ali, Myha'la Herrold ou encore Kevin Bacon dans une superproduction à suspens qui nous tient en haleine jusqu'à la fin. Et lorsque le générique de fin arrive, on se retrouve quelque peu abasourdi et on se demande si on a bien tout compris. C'est votre cas ? Pas de panique : on vous explique tout.
L'histoire du Monde après nous, version Netflix
L'histoire suit un couple blanc de Brooklyn, Amanda et Clay Sandford (Julia Roberts et Ethan Hawke), qui improvisent des vacances avec leurs deux enfants, Archie et Rose. La petite famille met le cap sur la côte et s'installe dans une maison de location aussi classieuse que magnifiquement aménagée, située dans un quartier tranquille de Long Island. Mais progressivement, les choses vont se gâter. D'abord, un pétrolier s'échoue sur la plage où ils se sont installés pour passer l'après-midi. Ensuite, les réseaux Internet et téléphoniques se coupent.
Et à la nuit tombée, quelqu'un frappe à la porte de la maison qu'ils louent : il s'agit d'un homme afro-américain en smoking, G.H. (Mahershala Ali), et de sa fille (Myha'la Herrold), qui expliquent être les propriétaires de la demeure. Ils souhaitent y passer la nuit, en raison d'une panne d'électricité massive survenue à New York, où se trouve leur résidence principale.
Suspicieux, Amanda et Clay ne peuvent pas vérifier s'ils disent la vérité puisqu'ils n'ont plus accès à Internet et que G.H. n'a pas ses papiers d'identité sur lui. Mais au fil des heures, il devient de plus en plus évident que quelque chose ne tourne pas rond dans le monde...
Le Monde après nous : quelles différences avec le livre ?
Ceux qui ont lu le roman remarqueront facilement quelques changements évidents. Le plus frappant est certainement la façon dont est représenté le personnage de Ruth. Dans le livre, G.H. et Ruth sont un couple de personnes âgées, et Ruth est une personne plutôt réservée. Dans le film Netflix, G.H. a approximativement le même âge qu'Amanda et Clay, et Ruth a été totalement repensée : elle n'est plus l'épouse, mais la fille de George, et c'est une jeune adulte. Son caractère est également très différent de celui qu'elle a dans le roman : Ruth est loin d'être timide, et elle se distingue souvent par son franc-parler.
"Je ne suis pas partisan de faire une copie conforme du livre", a précisé le réalisateur Sam Esmail à Entertainment Weekly, avant d'ajouter :
"Ce que je voulais, c'était créer une œuvre indépendante, de sorte que l'on puisse lire le livre et regarder le film sans que l'un ne gâche l'autre - qu'il y ait en quelque sorte deux œuvres distinctes et deux interprétations différentes de la même histoire."
Mais ce n'est pas le seul changement majeur. Dans le roman, les évènements hors du commun qui surviennent ne sont pas tout à fait les mêmes qu'à l'écran. Les animaux désorientés, le blackout, le son perçant qui retentit et la maladie soudaine d'Archie sont bien là, mais le film pousse les curseurs de la terreur encore plus loin en montrant des crashs d'avion, un gigantesque bateau qui s'échoue de manière incontrôlée et des voitures autonomes qui s'emballent, le tout suite à une cyberattaque d'origine inconnue.
Des ajouts qui ne sont pas surprenants de la part de Sam Esmail, qu'on sait, depuis sa série Mr. Robot, particulièrement sensible à tout ce qui est lié aux nouvelles technologies. Dans les colonnes d'Entertainment Weekly, il a confié :
"J'ai ajouté la cyberattaque à la catastrophe pour que le public découvre à quoi ça pourrait ressembler. C'est un sujet encore obscur et mystérieux, je pense que les gens ne comprennent pas vraiment ce que cela représente, ni la forme que ça peut prendre. Quand on le montre à l'écran et qu'ils commencent à réaliser que ça pourrait réellement arriver, je pense que c'est là que la terreur se manifeste."
Interrogé par le Hollywood Reporter au sujet des ajouts et modifications apportées à ce qu'il a écrit dans son roman, l'auteur Rumaan Alam estime qu'ils ne trahissent pas son œuvre et permettent au contraire de transmettre les mêmes émotions :
"J'ai la possibilité d'intriguer le lecteur d'une manière différente de celle dont dispose Sam... Quand je regarde le film, je vois une œuvre qui vise à provoquer sur son public les mêmes choses que mon livre provoque sur ses lecteurs, mais la forme est tout simplement différente. Pour moi, les deux sont intimement liés, et l'adaptation est très fidèle."
Que faut-il comprendre à la fin du Monde après nous ?
Lorsque le film se termine, on ne peut pas dire que les choses aillent bien pour les protagonistes principaux. G.H. et Clay ont failli être tués par un voisin en négociant avec lui pour obtenir un remède à l'étrange maladie d'Archie, Amanda et Ruth ont vu que New York a été bombardé et que la ville semble à feu et à sang, et Rose a disparu.
En réalité, Rose a erré à travers les bois jusqu'à ce qu'elle tombe sur une grande maison abandonnée. Là, elle s'empiffre de chips et de sucreries, puis découvre au sous-sol un abri anti-atomique équipé d'un groupe électrogène opérationnel, mais aussi d'une télévision, d'un lecteur DVD et de toutes les saisons de la série Friends, dont Rose est justement fan. Dans les dernières secondes du film, Rose lance l'ultime épisode de la série, le générique commence, on voit naître sur son visage un sourire satisfait... et le film est terminé. Que faut-il comprendre ?
Rose n'est pas particulièrement fan de Friends dans le roman
Dans le livre, l'adolescente pénètre bien dans une maison abandonnée, mais celle-ci ne possède pas d'abri anti-atomique. Elle a tout de même un lecteur DVD et une télévision. Rose lance l'épisode de Friends intitulé Celui qui rêvait de la princesse Leia et l'auteur écrit :
"Le son de la télé l'aida à se sentir beaucoup mieux. Elle monta le volume pour avoir de la compagnie pendant qu'elle pillait la maison."
La fascination de la jeune femme pour Friends n'existe pas dans le livre, et la fin du roman poursuit en décrivant les émotions qu'elle ressent tandis qu'elle vaque à ses occupations avec la télé en fond : elle se sent résignée face à l'imminence d'un désastre que, ni elle, ni les adultes qui l'entourent ne comprennent.
Une fin qui cherche à déstabiliser le spectateur
Vous trouvez ça un peu vague ? Vous cherchez encore à comprendre pourquoi les flamants roses et les biches se comportent étrangement dans le film ? Sachez que vous n'aurez pas la réponse à ces questions, et que c'est assumé, de la part de l'auteur du roman comme du réalisateur de cette adaptation. Au Hollywood Reporter, l'auteur l'a carrément avoué :
"Le livre dit que telle chose se produit et que telle autre chose se produit, et il refuse de les réunir en une seule explication. Il n'y a pas d'explication réelle dans les deux versions."
Le film sous-entend très clairement, par la voix de G.H., que tout ce qui se produit est le fait d'une cyberattaque visant à déstabiliser le pays pour mieux en prendre le contrôle après qu'il se soit détruit de lui-même. Confrontés au chaos, ses habitants, comme les personnages du film, perdent leurs repères. Et c'est justement ce que cherche le réalisateur : nous déstabiliser à notre tour. Pourquoi ? Le cinéaste l'a révélé à Entertainment Weekly :
"Pour moi, il s'agissait d'entamer une conversation. Il s'agit d'entrer dans votre esprit et de déverrouiller les peurs que vous pouvez avoir à propos de notre monde, et que vous vous sentiez suffisamment ému pour avoir envie d'en parler avec quelqu'un."
En définitive, l'idée est donc que la confusion nous amène à échanger sur nos peurs. Sam Esmail cherche à faire parler les bavards, et il a réussi son coup.
Sources : Entertainment Weekly, Hollywood Reporter
