Dès sa sortie sur Netflix, Une femme en jeu s’est hissé, à l’échelle mondiale, parmi les contenus les plus visionnés du moment. Racontant l’histoire du tueur Rodney Alcala (incarné par Daniel Zovatto), le film se concentre plus spécifiquement sur sa rencontre avec Sheryl Bradshaw (Anna Kendrick), une jeune candidate d’un jeu télévisé intitulé The Dating Game. Dans ce jeu, la jeune femme doit interroger à l’aveugle trois prétendants, et choisir le futur élu de son cœur par la suite. Vous l’aurez compris : le tueur Rodney Alcala est l’un des prétendants…

Une femme en jeu : une histoire vraie volontairement modifiée

Même si le film signé Netflix s’appuie bel et bien sur l’histoire vraie de Sheryl Bradshaw – qui s’appelle d’ailleurs Cheryl dans la vraie vie –, le réalisateur Ian McDonald a pris soin de changer certains éléments pour son long-métrage. Comme il l’a récemment expliqué à nos confrères du Hollywood Reporter, McDonald a tenté de rentrer en contact avec la survivante du tueur en série pour les besoins du film. N’ayant pas réussi à la retrouver, le réalisateur a considéré que Cheryl ne souhaitait tout simplement pas revenir sur cet effroyable moment de sa vie :

''J’ai essayé de rentrer en contact avec Cheryl. Je n’ai pas réussi à la trouver, et dans une certaine mesure, j’ai supposé que c’était un choix de sa part. Il y a eu des émissions consacrées à Rodney Alcala sur lesquels d’anciennes victimes ont été invitées, mais elle n’a jamais participé à ce genre de choses. J’ai supposé qu’elle ne voulait pas que sa rencontre unique et fortuite avec un psychopathe définisse le reste de sa vie. Ça fait partie des raisons pour lesquelles j’ai changé son nom et pas mal d’éléments biographiques la concernant. Il s’agit plus d’une version alternative de Cheryl.''

En plus d’avoir modifié l’identité de Cheryl, par respect et par éthique, McDonald a également pris la décision de modifier un passage très important du film. En effet, dans la scène où l'actrice Anna Kendrick (incarnant donc Sheryl Bradshaw) fait face à ses trois prétendants, les deux premiers sont ouvertement misogynes et grossiers. Seul le tueur, incarné par Daniel Zovatto, s’illustre par des réponses correctes et éloquentes, avec parfois même une petite touche de spiritualité.

La réalité est radicalement différente : comme nos confrères d’Écran Large l’expliquent, dans l’émission The Dating Game datant de 1978, le vrai Rodney Alcala ''ne répond que par des blagues grivoises et du rentre-dedans'', ce qui ne manque pas d’amuser la jeune candidate. Le choix du réalisateur peut se comprendre : ce qui était acceptable il y a près d’un demi-siècle ne l’est plus de nos jours, et cette décision était nécessaire afin de pouvoir ''parler'' au grand public. En toute transparence, Ian McDonald explique :

''Le truc un peu délicat, c’est que si on regarde Rodney [Alcala] dans les vraies images du Dating Game, c’est évident qu’on ne peut pas se contenter de prendre le dialogue tel quel et de le mettre dans un film d’aujourd’hui, parce qu’on se dirait 'ça se voit que c’est un serial killer'. Les codes de séduction ont changé entre 1978 et 2024, et ce qui fait qu’une blague est drôle ou gênante a changé depuis 50 ans. Si on avait recopié exactement le dialogue de l’époque, le public aurait pris Sheryl pour une idiote. Le gros défi de Daniel [Zovatto] était de faire en sorte que les spectateurs d’aujourd’hui ressentent la confiance qu’ont pu ressentir ses victimes à l’époque, et il l’a brillamment relevé.''

Vous l’avez donc compris : cet ensemble de changements était d’une nécessité absolue afin de relater cette incroyable histoire vraie tout en s’adressant à un public actuel. On peut d’ailleurs d’ores et déjà estimé que le choix de Ian McDonald s’est avéré payant, puisque le film continue de faire un véritable carton sur la plateforme qui fait TUDUM.

Pour (re)découvrir le film Une femme en jeu, rendez-vous dès maintenant sur Netflix.

Sources : Écran Large, Télé-Loisirs