
American Conspiracy : une enquête tentaculaire, le docu qui passionne les abonnés Netflix expliqué
Avez-vous vu la mini-série Netflix American Conspiracy : une enquête tentaculaire ? Ce documentaire captivant dévoile l'histoire de Danny Casolaro, un journaliste qui a enquêté sur une supposée conspiration menée par le gouvernement américain avant de connaître une fin tragique. Et depuis sa diffusion, ce programme déchaîne les passions dans le monde entier. SFR Actus vous offre un décryptage complet de ce phénomène.
Disponible depuis le 28 février dernier sur Netflix, American Conspiracy : une enquête tentaculaire nous immerge dans le cas troublant de Danny Casolaro. Journaliste d'investigation, il a été retrouvé mort dans des circonstances mystérieuses en 1991. Ce documentaire cherche à faire la lumière sur son enquête portant sur un vaste réseau baptisé "Octopus", ainsi qu'à élucider les circonstances de sa mort. Un récit qui a rapidement captivé les abonnés de la plateforme qui fait "TUDUM", tout en les amenant à se poser de nombreuses questions...
American Conspiracy : Danny Casolaro a-t-il été assassiné ?
L'histoire de cette mini-série commence par dérouler deux trames relativement simples. On découvre tout d'abord qu'au début des années 1980, une société américaine nommée Inslaw a développé un logiciel de pointe appelé PROMIS. Derrière ce nom, un software de gestion essentiellement destiné aux procureurs fédéraux, afin de leur permettre de créer une base de donnée centralisée de tous les crimes commis sur le sol américain. Mais le déploiement de PROMIS a été interrompu par une bataille juridique s'étalant sur plus de 10 ans, au cours de laquelle le département de la Justice a été accusé de conspirer dans le but de s'emparer du logiciel pour le revendre à d'autres pays et ainsi les espionner.
La deuxième trame concerne Danny Cosalero. Il y a plus de 30 ans, dans la chambre 517 de l'hôtel Sheraton de Martinsburg, en Virginie-Occidentale, Casolaro a été retrouvé mort dans une baignoire. Les poignets du défunt présentaient une douzaine de plaies profondes et on a retrouvé du sang dans toute la pièce. Cet homme n'avait pourtant jamais exprimé le désir de se suicider, et il avait dit à son frère quelques jours avant que si jamais on le retrouvait mort, il ne s'agirait "pas d'un accident".
Car Casolaro n'enquêtait pas seulement sur l'affaire PROMIS : il ne s'agissait là que de la partie émergée de l'iceberg. Il s'intéressait à une organisation secrète surnommée "The Octopus", au sein de laquelle des hauts fonctionnaires et leurs associés auraient été impliqués pendant des années, confiant notamment des missions secrètes à des membres de la mafia. Il serait question de blanchiment d'argent, de trafic de drogue, de meurtre, et certains locataires de la Maison Blanche auraient été impliqués.
La police a conclu que la mort de Danny Cosalero était due à un suicide, mais sa famille et ses collègues ont toujours été convaincus qu'il avait été assassiné pour avoir mis son nez dans cette histoire de complot. Le réalisateur Zachary Treitz maintient toutefois une approche sceptique tout au long de son documentaire. Dans les colonnes du Guardian, il explique :
"Cosalero a été journaliste spécialisé en informatique pendant 10 ans, ce qui n'est pas le type de journalisme le plus glamour. (...) Peut-être qu'il était frustré et qu'il voulait prouver sa valeur avec une grande histoire."
Pour autant, le réalisateur ne prétend pas avoir le fin mot de l'histoire. Lors d'une interview accordée à GQ, il a avoué que ce n'était d'ailleurs pas son objectif :
"J'essaie d'éviter de lire les critiques, mais quand les gens disent 'ces gars n'ont pas de conclusion définitive, donc ce documentaire ne vaut rien', je trouve ça vachement agaçant. En fait, vous voulez qu'on se prenne pour des dieux et qu'on lance des hypothèses en affirmant qu'il s'agit de la vérité ? Ce n'est pas parce que nous n'avons pas toutes les réponses que ça invalide toutes les découvertes que nous avons faites."
Christian Hansen : un homme obsédé par la mort de Danny Casolaro
Dans American Conspiracy : une enquête tentaculaire, le réalisateur Zachary Treitz suit son ami d'enfance Christian Hansen, totalement obsédé par la vie et la mort de Danny Casolaro. Il passe son temps à relire les notes manuscrites du défunt, à écouter ses enregistrements audio, et marche même dans ses pas en allant à son tour interroger les sources du journaliste décédé. Christian Hansen a même noué des liens avec plusieurs des amis de Casolaro. Hansen a travaillé comme photojournaliste pour le New York Times avant de devenir obsédé par l'affaire de l'Octopus il y a une décennie. Au Guardian, il révèle comment il a commencé à être fasciné par Danny Casolaro :
"Ce qui m'a connecté à lui dès le début, c'était qu'il avait une peur terrible du sang, des aiguilles et de ce genre de choses, et je suis pareil. Je ferme les yeux quand je regarde un film où quelqu'un se fait injecter un truc. Et la manière dont il est mort m'a fait me poser des questions très tôt sur ce qui se passait parce que j'essaie souvent de me mettre à sa place et de m'imaginer ce à quoi il pensait. C'est une grande partie de ce processus. Je passe en revue ses notes et j'essaie de comprendre qui il était. C'est comme ça que je suis tombé sous son charme. S'il était en vie, je sens sincèrement que nous serions amis."
Zachary Treitz, qui ne s'était jamais intéressé aux théories du complot avant de suivre l'enquête de son ami et de réaliser le documentaire, met quant à lui en garde :
"Il faut prendre ça avec des pincettes, parce que la théorie de Danny évoluait au fur et à mesure qu'il écrivait et ce que nous avons, c'est juste un instantané de divers moments où il essayait de l'articuler. (...) Il était journaliste, mais aussi romancier et il essayait de vendre un livre, c'est important de le rappeler. Il essaie de rendre cette chose intéressante donc il invente cette idée de l'Octopus, qui est une imagerie classique du crime organisé."
Christian Hansen reste quant à lui convaincu que quelque-chose cloche :
"Tout au long de la réalisation du docu, nous avons oscillé entre les deux conclusions, parfois plusieurs fois par jour. C'était comme un va-et-vient constant. Zach était sûr à 51 % qu'il s'agissait d'un suicide et j'étais sûr à 51 % qu'il s'agissait d'un homicide. Pour moi, c'est difficile à dire avec certitude, mais il y a trop de choses bizarres inexpliquées qui rendent ce suicide trop déroutant pour que je sois à l'aise avec."
Zachary Treitz estime pour sa part que son documentaire peut être un bon moyen de savoir si l'on est ou non enclin à adhérer à des théories complotistes :
"C'est comme un test de Rorschach pour savoir où se situent les croyances des gens. C'est drôle, si j'explique cette histoire de manière très succincte à quelqu'un, neuf fois sur dix, ils disent : 'oh, il a été assassiné par le gouvernement, c'est évident'. Nos cerveaux sont prédisposés à croire aux théories du complot parce qu'en l'absence d'informations définitives, on cherche, presque par instinct, à boucher les trous avec l'explication la plus sombre probable. (...) Et qu'il se soit suicidé ou non ne révèle pas forcément si ce sur quoi il enquêtait était réel ou non. C'est beaucoup plus complexe."
L'équipe d'American Conspiracy hantée par le docu
Après avoir regardé cette série documentaire, on est en droit de se demander si Christian Hansen est toujours obsédé par cette affaire ou s'il est passé à autre chose. GQ lui a demandé comment il se sentait maintenant, et il semble qu'il lui doit difficile de se détacher des tentacules de l'Octopus :
"Je peux vous dire qu'avec la sortie du docu et son succès, il y a forcément parmi les gens qui l'ont vu certaines personnes qui savent des choses. Certains m'ont déjà contacté. (...) Et comme je le dis dans l'épisode 3, ça n'est jamais fini. Cela ne finira jamais. Mais je m'efforce d'équilibrer ma vie. Je fais de l'exercice. Je mange sainement. Je souhaite trouver une petite amie. Je pense que vous pouvez travailler huit heures par jour sur une enquête et quand même sortir dîner avec vos amis."
American Conspiracy : une enquête tentaculaire est à voir depuis le 28 février 2024 sur Netflix. Sur les réseaux sociaux, nombreux sont ceux qui témoignent d'à quel point le documentaire a été un choc, certains affirmant avoir eu "le cerveau retourné" tandis que d'autres disent avoir eu du mal à trouver le sommeil à l'issue du visionnage. Lorsqu'on commence, difficile de s'arrêter : vous voilà avertis !
Sources : GQ, Netflix, The Guardian
