“Le seul homme dont j’ai jamais eu peur était une femme du nom de Griselda Blanco.” Cette phrase de Pablo Escobar, en ouverture de la mini-série Netflix, en dit long sur cette criminelle tristement emblématique. Si le narcotrafiquant n’apparaît pas dans les six épisodes de Griselda, il a été soutenu par celle dont un des surnoms était “La Reine de la Coca” et a eu le droit à sa propre série, Narcos. Une autre information qui dessine déjà l’importance de cette femme dans le trafic de drogue entre la Colombie et les États-Unis.

Sofia Vergara, star de la série comique Modern Family, se glisse dans la peau de cette femme de pouvoir qui a su se hisser à la première place de réseaux régis par des hommes. Rien de tel que d’instaurer une politique de la peur et ce, par les meurtres. Griselda en chiffres, c’est : 3 maris disparus, 3 meurtres officiels, mais 200 meurtres officieux.

Qui est Griselda Blanco ?

Née à Carthagènes des Indes, une ville de Colombie, Griselda grandit dans la pauvreté et les bidonvilles de Medellín avec sa mère dépeinte comme une personne alcoolique et également travailleuse du sexe. Dans le documentaire Cocaine Cownboys II : Hustlin’ with the Godmother, l’un de ses anciens amis confie qu’elle n’avait que 11 ans quand elle a kidnappé un petit garçon avec d’autres enfants afin de demander une rançon. La famille refusant de payer, le groupe a décidé de le tuer : Griselda se serait chargée de sa mise à mort. Un an après, elle commence à se prostituer. L'adolescente rencontre Carlos Trujillo, qui deviendra son premier mari quelques années plus tard et avec qui elle aura trois garçons, Dixon, Uber et Osvaldo. Le média Vice raconte : “Leur relation s’est détériorée à cause des affaires. Griselda Blanco l’a fait abattre.”

Dans les années 1960, elle se marie avec Alberto Bravo, trafiquant notoire colombien. Ils quittent leur pays pour s’installer dans le quartier du Queens, à New York. Au début de la décennie suivante, ils lancent ensemble un important réseau de trafic de cocaïne depuis la Colombie. Un empire qui se construit grâce au système de mules établi par Griselda : les femmes traversent les frontières avec la drogue dissimulée, plutôt cousue, dans leurs sous-vêtements. En 1975, ses activités illégales la rattrapent. Le FBI s’intéresse de près à celle à qui on donne le surnom de “La Madrina”. Pour éviter l’incarcération, elle fuit à bord de son jet privé. Lors d’une violente dispute conjugale, la baronne lui tire dessus.

Griselda, une femme à la tête d’un empire de la drogue

La mort d'Alberto n’empêche pas Griselda de poursuivre les activités. Elle prend alors le contrôle de leur réseau. Trois ans plus tard, elle épouse le tueur Dario Sepulveda avec qui elle a un quatrième fils, Michael Corleone (un prénom composé inhabituel donné en hommage au film Le Parrain). Toute la famille repart vivre aux États-Unis, plus précisément à Miami où elle étendra son empire. C’est là qu’elle fait régner la terreur. Elle prend part à ce qu’on appelle aux Cocaine Cowboy Wars, la guerre des trafiquants de drogue qui a mis la ville de Floride à feu et à sang.

Pendant près d’une dizaine d’années, elle domine les réseaux de drogue. Son opération lui aurait rapporté près de 80 millions de dollars par mois, selon The Standard. En 1983, son mari veut retourner en Colombie avec leur fils. Griselda ne le voit pas ainsi et le fait tuer. Elle est aussi connue pour son mode extravagant : organisant des fêtes flamboyantes où la drogue, le sexe et la violence étaient maîtres. Dans ces années-là, elle intègre ses fils à l’activité familiale.

La fin d’une figure du trafic de drogue

Évoluant dans ce contexte particulièrement tendu, Griselda finit tout de même par avoir peur pour sa vie et décide de s’envoler pour la Californie en 1985. C’est sur la côte ouest que la baronne est arrêtée par la DEA (Drug Enforcement Administration) après 10 ans de traque. Jugée, elle est condamnée à plus de dix ans de prison pour fabrication, importation et distribution de cocaïne. Elle est aussi inculpée par l’État de Floride pour trois meurtres [sur les 200 victimes qui lui sont attribuées] dont la fusillade commanditée pour tuer des rivaux, qui a notamment coûté la vie d’un enfant de deux ans.

Les habitudes ont la vie dure. Même derrière les barreaux, elle continue de gérer son trafic. Elle essaiera aussi de mettre sur pied l’enlèvement de John Fitzgerald Kennedy Jr., le fils du président Kennedy, en vain. Griselda Blanco retrouve sa liberté en 2004, après 20 ans en prison, et repart en Colombie. Ensuite, “La Veuve Noire” mène une vie tranquille avant d’être assassinée dans une boucherie par deux hommes à moto. Elle avait 69 ans. Un destin aussi stupéfiant que terrifiant qui est à retrouver dans la mini-série Griselda en intégralité sur Netflix.

Sources : HuffPost, Vice, The Standard