
Le Cercle des Neiges : ce que le film Netflix ne montre pas
Le Cercle des Neiges, le film événement de Netflix, retrace le drame du vol Fuerza Aérea Uruguaya 571, dont le crash s'est produit en 1972. Mais tout ce qu'on voit à l'écran est-il vrai ? Un reportage d'époque, exhumé par l'INA, révèle des différences notables entre la réalité et le récit qu'en a tiré le réalisateur Juan Antonio Bayona. SFR Actus vous dévoile la vérité.
Disponible sur Netflix depuis le 4 janvier dernier, Le Cercle des Neiges s'est rapidement hissé dans le classement des contenus les plus visionnés de la plateforme. Derrière cette production spectaculaire se cache une histoire vraie : le 13 octobre 1972, le vol Fuerza Aérea Uruguaya 571, transportant l'équipe de rugby à XV des Old Christians et une partie de leurs proches, s'est brutalement écrasé dans la Cordillière des Andes. Grâce au témoignage de l'un des survivants, on sait que le long-métrage de Juan Antonio Bayona est plutôt fidèle à la réalité. Mais pour porter cette incroyable tragédie à l'écran, le réalisateur et son équipe ont pris quelques libertés avec les faits. Récemment mis en ligne sur la chaîne YouTube de l'INA, un reportage d'époque nous apporte quelques éclaircissements sur ce qu'il s'est réellement passé. Pour vous, SFR Actus démêle le vrai du faux.
Les vraies images d'époque du sauvetage des survivants du Cercle des Neiges
La vidéo d'époque retrouvée par l'INA, initialement diffusée à la télévision française le 2 février 1973 et durant pas moins de 38 minutes, présente des interviews de trois rescapés : Carlos Paez, Pedro Algorta et Roberto Canassa. Elle offre également le point de vue de protagonistes que l'on ne voit pas (ou peu) dans Le Cercle des Neiges : le commandant Jorge Massa, pilote sauveteur, le berger Sergio Martinez Catalan, et le guide de haute montagne Sergio Diaz, qui racontent les circonstances du sauvetage des survivants. Fernando Baquedano, directeur de l'hôpital San Fernando et le ministre uruguayen au Chili, César Charlone, prennent également la parole.
Un éclairage qui nous permet non seulement de découvrir ce que le film Netflix ne montre pas, mais aussi de constater que son scénario prend quelques libertés pour rendre le long-métrage plus captivant et accentuer l'efficacité des ressorts dramatiques de l'intrigue.
Pour les autorités, les héros du Cercle des Neiges étaient forcément morts
Le ministre César Charlone et le pilote sauveteur Jorge Massa nous expliquent comment se sont déroulées les recherches et pourquoi elles n'ont pas permis de retrouver les survivants du crash du vol Fuerza Aérea Uruguaya 571. Premièrement, la météo n'était pas bonne, et le survol de la zone dans laquelle étaient coincés les rescapés était difficile. Par ailleurs, la carcasse blanche de l'avion, au milieu d'une vaste étendue enneigée, était quasiment impossible à repérer depuis le ciel. Le pilote confie même que lorsque Fernando Parrado a finalement guidé l'hélicoptère des secours sur le site du crash, ils n'ont pu distinguer l'épave que lorsqu'ils se sont trouvés juste au-dessus.
Le ministre se justifie quant à lui sur l'arrêt des recherches. Il explique avoir pris conseil auprès de différents interlocuteurs, notamment des spécialistes, qui lui ont affirmé à maintes reprises que passé un certain délai, il était totalement impossible qu'il reste des survivants, compte tenu de la température glaciale qui règne dans la zone où le vol avait disparu des radars. Le membre du gouvernement uruguayen précise toutefois que lorsque les recherches officielles ont été stoppées, les familles les ont poursuivies, finançant avec leur propre argent des recherches privées, qui n'ont pas été plus fructueuses que les précédentes.
Manger les corps n'a pas fait autant débat que dans Le Cercle des Neiges
Dans le film de Juan Antonio Bayona, nombreux sont les survivants réticents à l'idée de se nourrir des corps de ceux qui sont morts durant le crash, et certains, dont Numa, le narrateur, attendent plusieurs jours avant d'accepter de s'alimenter en consommant la chair des morts. Toutefois, au regard du reportage d'époque diffusé par l'INA, il semble qu'il s'agit-là d'une invention du scénariste.
Les survivants interviewés dans cette vidéo expliquent que tout le monde a mangé, à partir du moment où les survivants ont appris, en écoutant la seule chaîne de radio qu'ils captaient, que les recherches avaient été abandonnées. On nous explique que ceux qui remettaient en question le bien fondé de la question de l'anthropophagie mangeaient tout de même.
C'est Roberto Cannessa, l'étudiant en médecine, qui a montré à ses camarades comment procéder, et les survivants précisent qu'ils faisaient en sorte qu'aucun d'entre eux ne mange les restes de quelqu'un qui lui était proche. Comme dans Le Cercle des Neiges, lorsque les survivants se voyaient donner un morceau de chair, on ne leur précisait pas de quel corps il provenait, dans l'idée de tenter de préserver leur santé mentale.
Le sauvetage ne s'est pas vraiment passé comme on le voit dans le film
Là où le reportage diffère vraiment de ce que l'on peut voir dans Le Cercle des Neiges, c'est quand on découvre les circonstances précises du sauvetage. Dans le film, Fernando Parrado et Roberto Canessa parviennent couageusement à franchir la chaîne montagneuse se trouvant à l'ouest du site du crash, puis à descendre dans la vallée du Rio Azufre. Dix jours après leur départ, ils finissent par croiser un paysan, Sergio Catalán, qu'ils voient de l'autre côté d'un torrent et qui s'en va immédiatement alerter les autorités, qui ne tardent pas à les secourir.
Dans la vraie vie, cette brève séquence montrant l'échange entre les deux rescapés et le paysan a pris beaucoup plus de temps. Plusieurs jours, en fait. Lorsque Sergio Catalán a aperçu les deux survivants, il ne pouvait pas les entendre à cause du bruit de l'eau qui le séparait d'eux. Il est donc revenu... le lendemain ! Et c'est seulement là qu'il leur a lancé une pierre, un bout de papier, et un crayon pour qu'ils puissent écrire ce qu'ils avaient à dire.
Et lorsqu'il a eu le message, il a encore fallu qu'il aille en ville pour prévenir les secours. Sauf que l'homme se déplaçait à cheval, et que la ville était très loin... à une dizaine d'heures de route, pour lui et son moyen de locomotion ! Cette séquence, qui ne dure donc que quelques secondes à l'écran, s'est en fait déroulée sur approximativement trois jours dans la réalité. Mais il y a un autre point du récit que Juan Antonio Bayona fait du sauvetage qui prend des libertés avec ce qu'il s'est vraiment passé.
Certains survivants ont dû passer une nuit de plus dans l'épave alors que d'autres étaient déjà secourus
Dans Le Cercle des Neiges, les hélicoptères, aiguillés par Nando Parrado, parviennent au site du crash, récupèrent les survivants, et s'en vont. Dans la réalité, ça ne s'est pas tout à fait passé comme ça... En effet, le reportage issu des archives de l'INA nous apprend que certains des survivants n'ont pas pu monter dans les hélicoptères par faute de place. On a déposé sur place des guides de montagne, et ceux-ci sont restés toute une nuit avec ceux qui n'ont pas pu être secourus le jour J.
Au final, tout s'est bien passé, mais on ne peut s'empêcher de se demander comment l'histoire se serait terminée si une nouvelle avalanche avait eu lieu lors de la nuit supplémentaire qu'ont dû passer sur site une poignée de survivants... Découvrez leur témoignage en vidéo :
Comme on peut le voir à la fin du reportage, le journaliste s'interroge sur le futur des survivants, et plus particulièrement sur ce qu'il adviendra de leur santé mentale. Vont-ils sombrer dans la folie, écrasés par la culpabilité d'avoir mangé des corps humains ? On vous rassure, ça n'a pas été le cas. Découvrez notre article qui vous raconte ce que sont devenus les 16 rescapés du Cercle des Neiges pour en savoir plus.
Source : INA
